vendredi 16 février 2007

Réponse de la question 13

Question 13.

Si le 29 septembre tombe un dimanche quelle messe dirait-on ?

Réponse:

Messe de Saint Michel sans commémoraison

Pourquoi?

Si nous allons voir la fête du 29 septembre, elle s’intitule « in dedicatione S. Michaelis Archangeli », c’est une messe de dédicace, il s’agit en fait de la fête de la dédicace de l’église Saint Michel à Rome.
Au Commun de la dédicace des églises, il est écrit : « Festum Dedicationis ecclesiae est festum Domini. » Donc la messe du 29 septembre aura donc l’importance d’une fête de Notre-Seigneur.
Dans les « Notanda in tabellas occurentiae et concurrentiae » que l’on trouve dans le bréviaire, il est dit : « Festum Domini I aut II classis, in dominica occurrens , locum tenet ipsius dominicae cum omnibus iuribus et privilegiis : de dominica, proinde, nulla fit commemoratio. » C’est-à-dire que si une fête du Seigneur de I° ou de II° classe tombe un dimanche, elle tient la place de ce dimanche avec tous ses droits et privilèges : on ne fait aucune commémoraison du dimanche.


Tout de suite la question 14

Vador

Cette question a suscité de nombreuses polémiques!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Suite à la polémique suscitée par la question 13, nous publions ici l'analyse de Bdm sur le FC.

Bonne lecture, le secrétaire.

"Je suis membre du FC, lisant de temps en temps, mais n'intervenant pratiquement jamais. Participant toutefois (avec intérêt) au Concours de Liturgie, j'ai décidé de poster un message relatif à la réponse proposée par l'abbé Vador à question 13 (et cela bien que cette affaire a déjà suscité beaucoup de réactions).

Il ne s'agit aucunement pour moi de polémiquer sur l'organisation du Concours ni sur les compétences ou connaissance des uns ou des autres. En fait, j'ai trouvé ce Concours particulièrement bien fait, les questions très bien posées, intéressantes et motivantes (beaucoup plus que je ne l'imaginais d'ailleurs).

Je voudrais simplement discuter honnêtement pour montrer que la réponse proposée par l'abbé Vador à la Q.13 est très, très discutable, même si elle n'est pas sans fondement aucun. En effet, à mon sens il y a bien plus de raisons de répondre à la Q.13 par "Messe de saint Michel avec commémoraison du Dimanche" que de répondre par "Messe de saint Michel sans commémoraison".

Or, s'il y a une hésitation réelle, avec des motifs valables de pencher aussi bien vers une des réponses possibles que vers une autre, alors je crois que la seule solution est soit d'accepter comme bonnes les deux réponses possibles, soit de supprimer du Concours la question litigieuse. Il y va du sérieux, de la qualité scientifique et de l'honnêteté intellectuelle du Concours…

Alors, creusons-nous un peu la tête (n'est-ce pas le but du Concours?), et reprenons la question. En dernière analyse (voir pourquoi dans les messages passés de John Daly et de l'abbé Vador), cette controverse peut se résumer à la question suivante: "La fête de la Dédicace de Saint Michel Archange est-elle une fête du Seigneur ou une fête de Saint ?". Elle ne peut pas être les deux à la fois. Si c'est une fête du Seigneur, alors on n'aura aucune commémoraison du Dimanche dans notre hypothèse (j'appellerai cette thèse la "Thèse A" – c'est celle de l'abbé Vador). Si c'est une fête de Saint, alors on aura la commémoraison du Dimanche (ce sera la "Thèse B").

En faveur de la Thèse A, l'abbé Vador (si j'ai bien compris) n'avance en fait qu'un seul et unique argument, tiré de la combinaison des deux éléments suivants:
(a) l'intitulé de la fête en question dans le Missel, qui est "In Dedicatione S. Michaelis Archangeli", en conséquence de quoi cette fête serait une fête de Dedicace;
(b) et la mention suivante, dans la partie du Missel contenant le Commun de la Dédicace: "Festum Dedicationis est festum Domini" (la fête de la Dédicace est une fête du Seigneur).

Comme je l'indiquais, je militerais plutôt pour la Thèse B (c'est-à-dire 29 septembre = fête de saint et non du Seigneur). En effet, à mon humble avis, cette fête n'a de "dédicace" que le nom, nom qu'elle a eu pour des raisons historiques (déjà données ici par d'autres liseurs), et qu'elle a tout simplement conservé. Mais la substance et l'esprit de cette fête est celle d'une fête en l'honneur de saint Michel Archange et non celle de la consécration d'une église (fut-elle dédiée au même Archange).

J'avance donc les SEPT arguments suivants en faveur de la Thèse B:

1. Les textes propres de cette fête, tant de la Messe que de l'office, ne présentent pas ne serait-ce que la moindre allusion ou le moindre rapport à la consécration de quelqu'église ou temple que ce soit; en revanche, il y est en permanence question des anges en général et de saint Michel en particulier.

2. La mention "Festum Dedicationis est festum Domini" SOUS LE TITRE "Commune Dedicationis" du Missel est à mon avis sans effet sur le 29 septembre, puisque cette dernière fête ne fait à AUCUN MOMENT appel aux textes de ce "Commune Dedicationis". Ceux qui connaissent le latin sauront qu'il n'est pas du tout évident que la phrase "Festum Dedicationis est festum Domini" signifie "toute fête de dédicace est une fête du Seigneur". Au contraire, il est fort possible que cette rubrique signifie (en substance) "la fête dont il s'agit ici (sous-entendu : celle dont nous donnons les textes ci-dessous) est une fête du Seigneur". En fait cela est même extrêmement probable dans la mesure où cette rubrique se trouve A CET ENDROIT-LA et non dans les rubriques générales en tête du Missel (tous les canonistes connaissent ce type de raisonnement, or les rubriques sont des règles de droit liturgique).

3. Arguments déjà cités par d'autres liseurs: (i) l'absence de la fête du 29 septembre dans les fêtes du Seigneur listées dans le tableau des jours liturgiques publié avec de Code des rubriques, et (ii) la présence de cette fête sous le titre "Fêtes de saints" (et non sous le titre "Fêtes du Seigneur", qui existe aussi) dans l'index alphabétique des fêtes que l'on trouve en fin du Missel.

4. L'autorité du Révérend Père AERTNYS, rédemptoriste, liturgiste de la 1ère moitié du 20ème siècle (régulièrement cité par les auteurs), Professeur de Liturgie au collège hollandais des Rédemptoristes. Il écrivait dans son "Compendium Liturgiae Sacrae" publié par MARIETTI à Turin en 1926 (p.171, numéro 182), en commentaire à la règle "Festum Dedicationis est festum Domini", la chose suivante: "EXCIPIENDA VIDENTUR DUO ANNIVERSARIA, SCILICET S. MICHAELIS ARCHANG. ET S. MARIAE AD NIVES ; QUIA NEC RITUM, NEC OFFICIUM DEDICATIONIS ECCLESIAE HABENT" (en bref : la Dédicace de saint Michel est à exclure de la règle selon laquelle une fête de dédicace est une fête du Seigneur, puisqu'elle n'a ni le rite ni l'office d'une fête de dédicace).

5. Une réponse de la Sacrée Congrégation des Rites en date du 13 septembre 1692 (numéro 1885), dans laquelle, dans le Ad 2, on peut lire : "In Officio Sanctorum Michaelis Archangeli (et Angeli Custodis) dicendum "Quorum Festum colimus", QUIA EST FESTUM ANGELORUM, quemadmodum CLARE PATET EX IPSIS LECTIONIBUS, et in Oratione omnium Angelorum patrocinium imploratur". C'est très clair : c'est une fête d'ange(s) (et donc de saint), comme cela ressort clairement des lectures de l'office et de l'oraison de la fête, laquelle implore l'assistance des anges.

6. Cette réponse de la SRC nous met à son tour sur la piste d'un argument plus fort encore. Si l'on regarde, au Bréviaire, l'"Ordinarium Divini Officii" (ordinaire de l'office divin), on trouve une description de l'ossature et des parties invariables de l'Office Divin. S'agissant plus spécialement de l'office des matines d'une fête à trois nocturnes (cas du 29 septembre), on peut lire que comme bénédiction avant la 8ème leçon, il faut dire:

a. pour une fête du Seigneur : "Divinum auxilium maneat semper nobiscum"
b. pour une fête de saint(s) : "Cuius vel quorum) festum colimus, ipse intercedat pro nobis"

Si l'on se transporte maintenant au propre de la fête de la dédicace de saint Michel, que trouve-t-on comme bénédiction avant la 8ème leçon ? On trouve écrit, noir sur blanc, "QUORUM FESTUM COLIMUS…", ET NON PAS "DIVINUM AUXILIUM…". A mon avis on a là un indice déterminant en faveur de la Thèse B (et si le 29 septembre est une fête de saint pour le Bréviaire elle ne peut pas être autre chose aux yeux du Missel). Si c'était une fête du Seigneur, on aurait évidemment "Divinum Auxilium" au Bréviaire – mais ce n'est pas le cas…

7. Enfin, je ferais valoir que si on fait du 29 septembre une fête du Seigneur, on aboutit à une aberration totale, puisqu'alors l'Archange saint Michel se trouverait privé de tout culte liturgique public propre sur toute l'année liturgique dans l'Eglise Universelle. En effet, en 1962 il n'y a AUCUNE AUTRE FETE au calendrier universel ayant directement trait à ce saint, or le 29 septembre ne peut pas être en même temps une fête du Seigneur et une fête du saint archange. Pourtant, saint Michel, ce n'est pas n'importe qui : Chef des Anges, Prince de la milice céleste, il arrive (excusez du peu) en TROISIEME rang dans les litanies des saints, après Dieu lui-même (sous ses divers Noms) et la Sainte Vierge, bien avant les apôtres ou autres saints. On l'invoque à la confession des péchés, à la bénédiction de l'encens à l'offertoire, aux prières léonines, etc., etc.

Tout cela pour montrer pourquoi il y a vraiment et raisonnablement une discussion possible quant à la réponse à donner à la Q.13.

Voilà… je demande pardon pour la longueur du message, et remercie ceux qui ont eu le courage de le lire jusqu'au bout.

Et je remercie les organisateurs du Concours de Liturgie de l'avoir fait, parce que je me suis quand même bien amusé à phosphorer sur cette petite controverse (en plus des 48 autres questions !!!)

Vive le concours de Liturgie !

BdM "